Workshop à Sospel

Au sein de l’association L’Atelier Sans Tabou

L’Atelier Sans Tabou est intervenu dans la commune de Sospel en organisant des workshops étudiants, des conférences, des débats, des expositions et des ateliers participatifs autour de l’avenir de son territoire. La démarche initiée en 2010 se poursuit en lien avec les élus, les associations locales, les professionnels et les habitants.

Situé dans l’arrière-pays niçois, le long d’un axe historique qui relie la Méditerranée à la plaine du Pô, Sospel bénéficie d’un cadre de vie rural attractif. Mais le prix de l’immobilier sur la Côte d’Azur oblige la plupart des nouveaux arrivants à s’installer à l’intérieur des terres, à Sospel par exemple. Le déclassement, puis la vente de parcelles agricoles laissent place aux lotissements et pavillons, qui gagnent petit à petit le fond de vallée et les coteaux.

Avec ses 3 500 habitants, Sospel devient administrativement une petite ville . Pourtant, par sa forme et les relations sociales qui s’y tissent, il garde encore l’aspect d’un village… mais pour combien de temps ? Sospel aura-t-il à subir le même destin tragique qui homogénéise et détruit les paysages ruraux du Sud de la France et réduit les petites communes à être des dortoirs ? Le désir affiché de conserver une identité rurale propre aux communes de l’arrière-pays et la croissance démographique sont-ils antinomiques ? Quel avenir peut-on alors inventer ? Tel est l’enjeu de la démarche impulsée par l’Atelier Sans Tabou : initier l’invention du Sospel de demain, d’un projet local permettant de définir une nouvelle « urbanité rurale ».

 

Pour le territorialisme

L’Atelier Sans Tabou regroupe douze jeunes architectes, paysagistes et urbanistes marseillais convaincus de la nécessité de territorialiser le projet urbain, et qui militent pour la diffusion des outils et des connaissances de l’architecture et du paysagisme.

En juillet 2010, lors d’un premier workshop des étudiants en architecture et en paysagisme venus de toute la France ont répondu à la problématique suivante : comment contrôler, à l’échelle globale et ponctuelle, l’évolution de la forme urbaine de Sospel ?

Dans leur utopie et leur radicalité, ces projets ne sont pas à prendre comme des solutions immédiatement applicables aussi un travail de synthèse a-t-il été effectué par l’Atelier Sans Tabou et diffusée aux élus et aux habitants dans le cadre d’une exposition, de conférences et de publications. Les étudiants ont traité en premier de la densité du bâti, afin de préserver au maximum les terres agricoles, par des typologies moins gourmandes en m2 – logements en bande, petits collectifs – et des « tissus urbains » plus denses – lotissements, centre bourg, hameaux. Les espaces publics ont aussi été abordés avec attention : placettes ombragées, ruelles, bords de la rivière Bévéra, etc. La question de l’agriculture s’est révélée être primordiale et extrêmement sensible, puisque touchant à l’identité historique du village.

 

Du workshop au projet de territoire partagé

Parallèlement au workshop, un stand ambulant participatif – l’Atelier des merveilles, chariot mobile dont le nom fait référence à la Vallée des Merveilles – a circulé dans la ville.    Cette démarche participative a été étoffée par la suite lors d’ateliers pratiques avec des habitants et des élèves de 3e du collège Jean Médecin et s’est articulée à des initiatives locales complémentaires. Ainsi la commune a sollicité la Caisse d’Allocations Familiales des Alpes-Maritimes en 2010 pour l’accompagner dans l’accueil des nouveaux habitants, via le développement social local (DSL) . Par ailleurs, la récente obtention du label « Ville ou Pays d’art et d’histoire » pour les vallées de la Roya et de la Bévéra engage la commune dans une « démarche active de connaissance, de conservation, de médiation et de soutien à la qualité architecturale et du cadre de vie » .

L’Atelier des Merveilles : stand ambulant participatif récoltant les paroles des habitants

 

La formulation du projet territorial local est d’ores et déjà engagée, il s’apparente à la construction d’un « projet local » autosoutenable : « La construction du projet local se fonde sur un pacte scellé par une pluralité d’acteurs qui, à partir de l’identification des divers conflits en présence et d’une concertation sur les objectifs du développement local, redéfinissent leurs propres projets en les subordonnant à la valorisation du patrimoine commun. Ce parcours nécessite le dépassement des formes traditionnelles de représentation et de délégation ainsi que la création de nouveaux modes de démocratie directe. »(1)

Atelier avec les habitants autour de la table lumineuse représentant le territoire du village

C’est en assumant la complexité des enjeux et des échelles de travail, associant et combinant les initiatives locales, territorialisées et participatives, que Sospel pourra formuler « des choix collectifs pour un style de développement original » (Magnaghi Alberto, Le Projet local).