Le partage des eaux
Balade en dérive dans le quinzième arrondissement de Marseille : d’une friche à l’autre traversant un paysage éclectique, en marge, en bordure, toujours sur la frange, ENTRE DEUX. Entre deux quoi ? Tours, barres, autoroutes, entrepôts, plateformes logistiques, camions, ronds points, voies ferrées s’enfilent au parcours comme un collier. Bonjour ! Bonjour ! Vous êtes des touristes ? Tailler la zone pour une après midi en friche.
Les Boues Rouges, joli nom, jolie friche. Le sol est rouge et meuble : c’est un terril de bauxite utilisé par l’ancienne usine d’aluminium de Marseille. Le vent souffle dans les graminées. On s’allonge dans l’herbe ? En grimpant en haut, on se met le regard par dessus les toits des bâtiments de la zone d’activité, prendre un peu de hauteur, un peu de souffle et de recul.
La ville en fond de plan étale ses fenêtres comme un grand théâtre permanent.
Au bord de l’autoroute, on peut presque toucher les voitures. La Viste sur son éperon rocheux se prend pour un phare. Les fausses Valérianes brandissent leurs fleurs roses arrachées du bitume.
En contre plongée, Marseille en étage, par pallier en pan de falaise. La grotte des Carmes n’est pas très loin
Sous le soleil grille pain, il y a toujours un petit chemin. D’autres y sont déjà passés, la ville oublie que certains aiment utiliser leurs pieds.
Mouvement inverse, plongée. L’autoroute emmène le flot continue. Les montagnes en arrière plan marquent l’autre limite de la ville, mise en tension de deux extrémités urbaines.